Mais où vont donc toutes ces émotions ? |
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« Mais où vont donc toutes ces émotions, tous ces mots bout à bout, toutes ces pages, tous ces livres, tous ces arbres coupés, toutes ces forêts, toutes ces joies, tous ces pleurs… ? », dit l’artiste sur cette œuvre. Deux formes immenses, transpercées par une tige, flottent sur quatre étages, dans l’espace de l’atrium. Une forme de couleur verte et une forme ondoyante de couleur métallique qui accroche la lumière. Cette sculpture évoque avant tout la tension, la matière, la fluidité et l’ondulation. Il faut y voir une articulation abstraite de plans colorés dans l’espace.
La sculpture quitte le sol pour s’envoler. Aériennes, graciles, colorées, les œuvres de Jean Noël sont pour la plupart suspendues, accrochées aux murs, flottantes, annonçant ainsi les distances prises avec une sculpture de type classique au sol et sur des socles. Les sculptures, loin d’être statiques et figées, semblent toujours prêtes à frémir, à trembler. Elles suggèrent des dispositifs fragiles et transitoires.
Comme l’a écrit le critique d’art Gérard Durozoi, « Jean Noël n’utilise qu’un nombre restreint de formes, qui sont diversement combinées d’une pièce à l’autre, et toujours assemblées avec de frêles tiges métalliques, dont le pouvoir d’évocation est dû à leur fonction ou à leur position mais non à leur aspect. Son " évocation " résulte d’abord d’une sorte de combinatoire, dont on pressent qu’elle pourrait bien prouver sa fécondité indépendamment de tout motif. Sa sculpture est en fait " minimaliste ", mais dans ce sens particulier où il s’agit pour lui, non d’explorer les déclinaisons possibles de structures " primaires " ou strictement géométriques, mais bien plutôt de réduire le motif au minimum garantissant sa reconnaissance ».